Le voyage de Luca est un roman de Jean-Luc Outers, publié en 2008 par les éditions Actes Sud.
L’histoire

Quelques
mois après la naissance du petit Luca, ils décidèrent de commencer l’aventure.
Ils
commencèrent par New York où Jessica et Ralph, amis de leurs amis belges Marc
et Lucie, leur prêtèrent gentiment leur appartement.
Arrivé
à New York, Marian décida de racheter à un vieux monsieur sa camionnette pour
partir vers de nouveaux horizons.
Ils
quittèrent New York pour le reste de l’Amérique, et le voyage commença
vraiment.
Après
New York, ce furent d’autres lieux, comme le Texas où ils adoptèrent Yesterday,
une chienne abandonnée, ou bien le Mexique où ils rencontrèrent Alberto et
Victoria, cultivateurs de café, qui les hébergèrent quelques jours, ou encore
Mexico où Julie apprit qu’elle était de nouveau enceinte, Tuxtepec où ils
rencontrèrent Augusto un mécanicien qui les aida lors d’un caprice de la
camionnette, Oaxaca qui leur plaisait particulièrement, Acapulco, le Colorado,
Las Vegas où Luca vit pour la première fois un cirque, Los Angeles, San Francisco
où ils firent la rencontre d’une famille, voisine de leur amis Nadine et
Georges, les Drumon qui ne les appréciaient pas, Victoria, Vancouver où une terrible
nouvelle les frappa, la fausse couche de Julie, Montréal où ils restèrent avec Gérard
et Pauline, amis des parents de Marian et où l’aventure prit fin.
Lors
de ce tour de l’Amérique il y eut beaucoup de rencontres, des bonnes et
mauvaises nouvelles ainsi que des séparations mais ce fut un voyage d’apprentissage
pour Luca qui, à chaque nouveau lieu, rencontra des choses nouvelles comme les
animaux, les moyens de transport, le cirque, les langues, la mer, les océans,
la nage, la marche, les étoiles, les surfeurs et bien d’autres.
Quelques
années plus tard, Luca fut frappé d’un mal qui ne lui donna plus goût à la vie
mais après l’aide de la thérapeute familiale l’histoire va se répéter.
Mon
avis
Ce
fut un livre agréable à lire, car l’histoire est originale et fait rêver malgré
les petites mésaventures.
Ce
qui est assez plaisant, c’est que l’histoire est racontée par Marian à la thérapeute
familiale, ce qui donne l’impression de deux histoires parallèles.
Les
personnages sont attachants et on peut s’identifier à eux, ils ont des
problèmes, des disputes, comme tout le monde ; ils ne sont pas très spéciaux
mais font quelque chose d’original, le tour de l’Amérique. Ça nous montre que
même sans être quelqu’un de particulier, on peut faire des choses folles.
Ce
qui m’a plu surtout, c’est le cadre de l’histoire, le fait que ça se passe en
Amérique, en Belgique et en 1980.
La
fin est surprenante : on ne s’attend pas à ce que Luca refasse un tour de
l’Amérique et surtout pas que Marian et Julie recommencent avec le petit Jack
comme avec Luca.
L’écriture
est accessible à tous, ce qui permet aux lecteurs de n’importe quel âge de lire
le livre qui est particulièrement intéressant.
L’interview
de l’auteur

Voici
mes questions ainsi que ses réponses.
Q1.
Qu’est-ce qui vous a donné l’envie de
devenir écrivain ?
R.
: J’ai toujours écrit depuis l’adolescence, des notes, poèmes, petits textes. Écrire,
ça ne s’apprend pas. Et puis un jour ce que j’étais en train d’écrire s’est
prolongé et j’ai eu envie de continuer, c’est devenu, presque par surprise, L’ordre du jour, mon premier roman. Il
faut dire que l’idée d’écrire un livre me trottait dans la tête, j’avais le
sentiment qu’il fallait que j’en écrive un pour exister par rapport à mon père
qui écrivait lui aussi et était un grand manipulateur de la langue française.
Q2.
Dans ce roman, l’histoire se passe
principalement en Amérique. Avez-vous déjà visité cet immense pays ?
R
: Ce voyage en Amérique, nous l’avons réellement fait en 1981 mais avec deux
enfants (un et cinq ans). Comme je voulais écrire un roman sur la paternité, je
n’en ai gardé qu’un (d’enfant) pour le roman. Pour le reste, je n’ai à peu près
rien inventé. C’était une autre époque et nous étions inconscients.
Q3.
D’après vous, quelles sont les
principales difficultés pour écrire un roman ? Grâce à quelles qualités peut-on
les surmonter ?
R
: Pour écrire un roman, le plus dur, c’est la distance. Comme j’écris sans
plan, sans idée même de ce que je vais raconter, il faut donc que je m’accroche
pour arriver au bout, un peu comme lorsqu’on traverse un désert. On finit
toujours par arriver de l’autre côté mais il faut un peu de discipline dans le
travail. Personnellement je m’isole comme je le fais maintenant où j’écris à
Bordeaux. Pour vous éclairer, je vous envoie un petit texte écrit à la demande
de La Libre sur le thème : écrire aujourd’hui.
Voici
ce texte aimablement offert par Jean-Luc Outers :
Être écrivain aujourd’hui,
c’est ouvrir sa fenêtre et écouter les bruits de la rue, le souffle du vent, le
sifflement du train et le hululement de la chouette, c’est saisir une
conversation dans un tram et y voir le commencement d’une histoire, c’est
croire à la magie des mots pour dire le bruit de la neige sous les pas, c’est
regarder la mer et donner un nom à ses couleurs changeantes, c’est marcher sur
un trottoir, puis s’arrêter bouleversé par une fleur de ballast, c’est s’émouvoir
à la vue d’un bébé mimant la langue sur les lèvres de sa mère ou d’un vieillard
aphasique ouvrant la bouche pour rabâcher une histoire ancienne, c’est laisser
affleurer à la mémoire ce que l’on pensait oublié, c’est faire entendre l’origine,
c’est, dès le réveil, respirer à travers chaque mot qui surgit, c’est nommer
les choses et, ce faisant, se relier au monde, c’est trouver le bonheur dans
une simple notation sur un carnet sorti de sa poche, c’est ouvrir le
dictionnaire et aller à la cueillette puis, en le refermant, inventer un mot
qui peut-être s’y trouvera un jour, et le taquiner en l’envoyant à la fin de la
phrase voir si on y est, c’est transformer par le langage le réel en
imaginaire, les humains en personnages, les bureaux en labyrinthes, les
habitations en maisons hantées, c’est faire parler les morts, les animaux et
les pierres, c’est, comme les enfants, se raconter des histoires avant même de
savoir ce que peut bien être une histoire, c’est chercher l’éclaircie dans l’obscurité,
c’est ériger les mots contre la brutalité du monde et les envoyer en pleine
poire des tyrans et des ploucs, qui, de toute façon, ne les liront pas, faute
de temps, se désoleront-ils, rivés à leur poste de télévision, c’est être
terrifié par l’innommable, c’est s’éloigner, prendre du recul, s’échouer loin
de soi, s’immerger dans la solitude du silence et dire ce que le langage oral
ne peut pas dire, c’est ne rien savoir de ce qu’on va écrire et se laisser
porter par les mots comme on se laisse soulever par le vent, c’est, comme dit
le philosophe, se croire arrivé au port et se trouver rejeté en pleine mer, c’est
découvrir quelque chose qui n’était pas là avant et s’éblouir de l’à peine
écrit sous l’encre qui sèche, c’est se faire à l’idée que cette partie de soi
qui écrit est peut-être un autre, bref, c’est être deux, une fois pour toutes,
l’écrivain et le premier lecteur, ébahi qu’il se soit trouvé quelqu’un pour
écrire ça, ou enfin, comme dit l’ami Pirotte, « sonner à sa propre porte avec l’idée
que quelqu’un va nous ouvrir ».
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