samedi 27 octobre 2012

"Stupeur et tremblements" d’Amélie Nothomb


Un reportage de Mélanie Lonobile (6e sc.)

L’intrigue
Dans les années 90, une jeune Européenne est embauchée dans une entreprise du Japon, où la rigueur et le courage tiennent beaucoup de place. Sa supérieure, Mademoiselle Fubuki Mori, est exigeante et n’accepte pas la moindre erreur de la part de celle-ci. Maladroite, elle va vite se faire remplacer dans chaque tâche à laquelle on l’a affectée : recopier des chiffres très longs, récurer les toilettes, en passant par le service café et les photocopies bien alignées, notre héroïne n’a qu’à bien se tenir.
Le fait qu’elle collabore avec Monsieur Tenshi sur un projet qui ne lui est pas destiné n’arrange en rien sa relation avec Mori qui semblait au début gentille comme un agneau. La Belge est bien loin du compte, Fubuki, une vraie peau de vache, n’hésite pas à la dénoncer à son supérieur Monsieur Saito pour le travail sur le beurre allégé qui devait être effectué par un autre employé. Après sept mois dans l’entreprise, elle décide de quitter la firme, le cœur serré malgré tout. Elle considère en effet son expérience dans l’entreprise nippone comme un passage de sa vie qu’elle ne regrette pas.
En 1991, le premier livre d’Amélie Nothomb est publié. En 1993 elle reçoit une lettre de félicitations de Fubuki, celle qui lui a fait vivre un cauchemar. C’est en fait une femme concentrée sur son travail, dans la tradition de la culture japonaise qui exige beaucoup de bonne conduite et d’honneur. Amélie n’a aucun doute sur ce que pense réellement Mori d’elle, elle est simplement heureuse, de plus le mot est écrit en japonais, la narratrice est comblée. Elle décide de raconter les sept mois passés là-bas et c’est en 1999 que paraît Stupeur et tremblements.
Mon avis
Dès les premières lignes, nous savons à quoi nous attendre, humour de l’auteur en toutes circonstances, style d’écriture facile à digérer, bref un bon petit livre. Il faut bien le dire, ce livre de plus ou moins 186 pages m’a bien fait rigoler, l’humour un peu décalé et les remarques de l’auteur font oublier le milieu dans lequel évolue l’héroïne Amélie-San. Cette petite biographie romancée sur un moment vécu par l’auteur rend l’ouvrage réaliste et plaisant à lire. La description de l’ambiance du travail au Japon instruit le lecteur, ainsi on peut en savoir un peu plus sur les mœurs japonaises, la difficulté que se donnent les Nippons pour toujours être à la hauteur, la pression qu’ils s’imposent au travail pour exceller parce que rater au Japon est impossible, mal vu, indigne. Au pays du Soleil levant, le taux de suicide est supérieur à la moyenne des autres pays, nous Européens n’avons pas le même train de vie qu’un Japonais moyen.
Le lecteur éprouve de la compassion pour cette jeune héroïne confrontée du jour au lendemain à la dure réalité du travail au Japon. La manière de vivre là-bas et en Belgique est complètement différente, ce livre est un vrai choc culturel, une leçon de vie. Elle nous interroge sur la situation vécue par les employés nippons, n’est ce pas exagéré ? On en apprend beaucoup sur cette culture que l’on croyait moderne. La puissance de ce pays ne s’est pas faite toute seule, en voilà une petite bouchée, un fragment dans une immense usine à business où le temps c’est de l’argent, tout doit être fait vite et bien, aucune erreur n’est possible. Tel un robot, l’employé doit savoir accomplir toute les tâches imposées par son supérieur.
Ce roman nous renvoie sur un Japon du vingtième siècle, plein d’idées encore antiques, où la dépendance au travail est presque obligatoire. L’honneur est important aux yeux des habitants de l’île aux nouvelles technologies. Un roman rempli d’audace et de vérité, bref j’adore !
Une lettre d’Amélie  !

Après la lecture, j’ai écrit à Amélie Nothomb. Je lui ai d’abord expliqué mon admiration et le fait que j’avais bien aimé son livre. J’ai eu la chance de recevoir une réponse ! Amélie m’a répondu très vite et sa lettre m’a fait plaisir.
Je lui avais posé quatre questions. Voici ses réponses :
  • D’où est venue l’idée de devenir écrivain ?
  • C’est mon obsession depuis toujours. L’écriture est ma façon de créer de la musique, et j’aime la musique plus que tout.
  • Quel est le message important que vous avez voulu passer dans cet ouvrage?
  • Il y en a plus d’un. Le plus important : admirez les Japonais! Ils vivent tous cette épreuve et ils tiennent le coup.
  • Vous attendiez-vous à cette rigueur de la part des Japonais?
  • Je m’attendais à quelque chose de terrible mais pas à ce point.
  • Comment expliquez-vous ce pincement au cœur quand vous quittez l’usine?
  • Il y avait des gens que j’appréciais dans cette entreprise. Et j’y avais vécu quelque chose de fort.






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