mardi 18 décembre 2012

« Pelléas et Mélisande » de Maurice Maeterlinck, par Doriana Turco


L'auteur

Maurice Maeterlinck est né en 1862 à Gand. Il faisait partie de la bourgeoisie flamande, il parlait donc français couramment. C’était un catholique qui s'intéressait au mysticisme. Il a entamé des études de droit en suivant Verhaeren qui a sept ans de plus que lui et avec qui il va créer un groupe de littérature : « La jeune Belgique ». Le symbolisme français le marqua énormément. Lors d'un voyage à Paris, il rencontre le prince du symbolisme (Mallarmé) qui l'influencera. Le romantisme allemand est aussi très important dans ses œuvres. La princesse Maleine connaît un grand succès à Paris en 1890, dès lors il devient un auteur célèbre. En 1911, il sera le seul auteur belge à recevoir le prix Nobel de la littérature.
Il a écrit Pelléas et Mélisande en 1892. En 1902, Claude Debussy tire de cette pièce un opéra.

Les noms des personnages.

Les noms des personnages n'ont pas été choisis par hasard et ils ont tous une histoire ou une étymologie différente. Geneviève et Golaud viennent sans doute d'un conte, celui de Geneviève de Brabant. « Geneviève a épousé un prince, nommé Siffroi, qui partit à la guerre. Elle est enceinte et ne le lui dit pas ; entre temps, Golo, l'intendant du prince, essaie de séduire Geneviève mais n'y parvient pas. Jaloux, il écrit à Siffroi que Geneviève a eu une aventure et qu'elle attend un enfant de cet adultère. Siffroi est très en colère et veut tuer Geneviève et le nouveau-né en les envoyant dans la forêt avec des chasseurs qui devront les tuer. Mais les chasseurs les laisseront en vie. Une biche s'occupera d'eux jusqu'au jour où Siffroi retrouve Geneviève et son enfant. Elle raconte la vérité à Siffroi qui la croira et se vengera. »
Arkel prend son nom du mot « ark » qui signifie vieux et roi à la fois. Nous remarquons aussi que la syllabe « el », qui est une syllabe liquide, revient dans Pelléas et Mélisande. Nous avons l'impression que ces personnages sont faits pour s'entendre.
Mélisande a les syllabes « mél » comme mélodie donc le chant, « méli » pour miel et « sande » pour le sable. Tous ces éléments soulignent surtout sa blondeur, le sable peut aussi signifier le temps qui s'écoule. Le miel a un côté positif et négatif, il est doux mais il peut être trop sucré et écœurant. C'est une opposition comme il y en a beaucoup dans la pièce.
Yniold a le « ol » et le « d » de Golaud. Cela montre un lien entre eux.
Allemonde veut sûrement dire « tout le monde » avec le « alle » du début. Donc nous pouvons penser que cette histoire peut arriver à tout le monde.

Les thèmes

Il y plusieurs thèmes présents dans ce spectacle, le plus important est l’opposition de l'amour avec la mort. L'amour n'a pas l'air de fonctionner quand il est associé au mariage. Le premier et le deuxième mariage de Mélisande finissent mal tous les deux. L'amour est possible mais seulement dans le malheur et la mort. La mort est là en permanence, c'est l'intruse cachée derrière la porte mais qui se dévoile dans les odeurs, dans les lieux sombres,...
Il y a aussi le thème de la destinée. Mélisande est écrasée par le destin. Au début, elle a réussi à le fuir mais pas la deuxième fois. A la fin, nous savons que sa fille aura la même destinée. La porte a un lien avec ce thème car elle veut empêcher sa destinée de se produire. Elle a du mal à s'ouvrir et pourtant elle donne l'impression qu'elle est simple à fermer. Il y a aussi le fait que la robe de Mélisande s'accroche à la porte un bon moment avant qu'elle puisse rejoindre Pelléas.


Les symboles.

Comme je l'ai dit précédemment, Maeterlinck était inspiré par le symbolisme. Voici ceux qui sont exprimés dans la pièce :

Le symbole de l'eau : Allemonde est entouré par la mer, Mélisande et Golaud se rencontre près d'un point d'eau, l'anneau tombe dans une fontaine, Pelléas et Mélisande pleurent,... L'eau est le symbole de la vie (fontaine des aveugles, eau claire) et aussi celui de la mort (l'eau des souterrains, sombre).

Le symbole du cercle : C'est l'idée du cycle, au début, le soleil se lève, les servantes sont à la porte et veulent l'ouvrir, Golaud chasse dans la forêt. A la fin, le soleil se couche, les servantes sont entrées et ont ouvert la porte, Golaud a tué son frère et a « chassé » sa femme dans la forêt. Il y a aussi ce qui est en forme de cercle comme la couronne, la bague et la balle de Yniold.

Le symbole de l'or : L'or disparaît, coule, il est idéal et d'une valeur absolue, il se noie. Il est donc toujours difficile à atteindre. C'est la difficulté d'accéder à l'idéal. A un moment donné Yniold veut prendre sa balle en or mais il n'y arrive pas car elle est en dessous de pierres trop lourdes.

Le symbole de la clarté : Nous avons pu remarquer que les lieux étaient souvent sombres. Les personnages ont du mal à voir et cherchent sans cesse la lumière. Cette lumière représente la vérité et l'ombre, ce que nous ne savons pas.

Il y a aussi les cheveux de Mélisande qui sont or et eau à la fois. Pelléas les confond avec la lumière et l'or ensuite il se laisse inonder par cette chevelure, elle tombe sur lui comme de l’eau. C'est le lien qui se crée entre Pelléas et Mélisande.

lundi 3 décembre 2012

Si tu passes la rivière (par Doriana Turco)


Si tu passes la rivière de Geneviève Damas

L'action

Si tu passes la rivière, François, gare à toi ! Voilà comment débute l'histoire, celle de François Sorrente, un jeune garçon de dix-sept ans s'occupant des cochons de la ferme de son père tyrannique. Il nous raconte la période de sa vie dans laquelle il se pose énormément de questions sur la rivière que Maryse, sa sœur, a traversée pour ne jamais en revenir et puis aussi, il se demande qui est sa mère. Ces questions, il devra y répondre par lui-même car ce n'est pas son père ni ses frères qui l'aideront. C'est grâce, entre autres, au curé Roger et surtout grâce à l'apprentissage de la lecture qu'il va lui enseigner que François va évoluer, grandir, trouver des réponses et surtout pouvoir trouver les mots. Car avant, il n'avait pas beaucoup de vocabulaire, lorsque sa sœur adorée est partie et qu'on a tué son ami Oscar devant lui, il ne savait pas quoi dire car rien ne sortait mais maintenant les mots sont ses amis et ils sortent tout seuls. Maintenant il peut lire et découvrir, il peut se faire des amis qui l'aideront, avec chacun leur caractère attachant. Il pourra sans aucun doute trouver les réponses parfois très surprenantes...

Le message

La lecture, c'est ce qui va permettre à notre héros de mûrir au fil des lignes et de savoir enfin qui il est vraiment. Car sans cette compétence, que nous comprenons essentielle à la vie, François serait resté un « fada ». Lui-même a compris qu'il devait l'apprendre pour pouvoir résoudre ces problèmes. Nous constatons dans le livre que savoir lire et s'enrichir en vocabulaire nous permet beaucoup de choses. Par exemple, après avoir appris quelques nouveaux mots dans les lectures de Roger et appris les consonnes et les voyelles, François se fait de nouveaux amis, les mots lui viennent d'eux-mêmes, il est heureux et ouvert, le silence ne lui fait plus peur car il sait qu'il peut le briser. Il change complètement sans s'en rendre compte tout de suite mais plus tard il devine qu'il est quelqu'un d'autre.

Mon avis:

Dès la première page, nous sommes confrontés à l'interdiction du père envers François. Nous plongeons immédiatement dans le bain du récit. Nous voyons le père strict et la vie dure de la ferme et pourtant, à notre petit François, tout ça ne lui fait pas peur. C'est pour ça que je me suis vite attachée à lui et en plus lui, il a du vent dans la caboche comme il le dit lui-même. C'est un garçon que je veux suivre et aider. Je l'ai même pris pour ami.
La lecture de cet ouvrage est tellement simple que nous pourrions le dévorer d'une seule traite. L'usage du langage familier rend le livre agréable à lire car c'est facile à comprendre, il ne faut pas se creuser la tête et s'arrêter en pleine action pour saisir l'auteur.
Les personnages secondaires ne sont pas nombreux et ça aussi c'est un point fort. Geneviève Damas leur a donné à chacun une personnalité différente qui nous donne aussi l'envie de les connaître.
Parlons aussi des descriptions si légères mais tellement axées sur des petits détails. Je ne m'en suis pas plainte puisque premièrement c'est François qui les exprimait par ce qu'il voyait évidemment mais aussi et surtout par les odeurs et les goûts. Il utilisait tous ses sens. C'était plutôt inattendu pour moi. Deuxièmement, elles ne prennent pas une place importante dans ce roman.
Et, cerise sur le gâteau, la fin est juste très ingénieuse selon moi, vu qu'après avoir lu le livre et encore maintenant je pense à François et je me demande ce qu'il a trouvé de l'autre côté, s'il va bien etc. Comme Geneviève Damas l'a dit, l'imaginaire peut être aussi réel qu'on le souhaite quand nous y pensons et que nous lui donnons de la valeur.