À la fin de son livre, Colette Nys-Mazure écrit : « Je cherche comment restituer la merveille, la susciter, convier mon lecteur à en faire autant. »
Nous avons donc, nous aussi, tenté d’explorer les rapports entre peinture, lecture, écriture. Voici quelques-uns de nos essais :
Tout est extrêmement calme. Atmosphère et mer immobiles. Le soleil levant à l’horizon illumine le visage paisible de la lectrice allongée. Chaude intimité entre la mer et la jeune liseuse. Seule à seul avec le paysage, je ne veux pas les déranger. Le ciel est dégagé, rien ne vient les perturber. Ce lieu n’ose pas ennuyer sa lecture comme elle ose à peine toucher l’eau pour la troubler.
Un lien profond entre elle et mer le temps d’une lecture, je contemple leur tranquillité.
Doriana
Dans cet intérieur hollandais, le temps semble s’être arrêté. La servante a rendu le carrelage brillant tout comme le linge éclatant. Fatiguée de sa tâche, elle s’est posée. Le valet à ses côtés est à présent disposé à lui transmettre la lettre.
Entre ombre et lumière, le doute prospère,
Anthony
La jeune fille est sans
doute soumise à une lecture déplaisante. Yeux exorbités, bouche bée, elle est vêtue d’une blouse lilas, dans un arrière plan mauve qui fait ressortir
les expressions de son visage. Nous comprenons qu’elle aurait préféré ne pas
avoir lu ce passage et rester dans l’ignorance.
À moins que,
précisément, elle fasse ses délices de la charmante terreur que lui procure cette
effrayante lecture ?
Kevin
Elle est nue et plongée dans sa lecture, elle me laisse croire qu’elle est libre. Elle est allongée sur une brume rousse et noire. La couleur de ses cheveux roux ressort dans la partie de brume noire et la partie moyenne de son corps se détache dans la partie de brume rousse. Sa petite main qui soutient sa tête me laisse croire qu’elle est détendue, tranquille. Pourquoi est-elle nue ? Est-ce dû à la couleur rousse qui inspire la chaleur ?
Mathieu
Elle est seule sur sa chaise, tranquille et passionnée.
Elle est belle et jeune.
Malgré les couleurs sombres qui l’entourent, elle sort du noir avec sa robe blanche à volants, peut-être de mariée, et elle lit, elle lit son petit livre blanc et discret, d’une main soutenant sa tête.
Près d’elle, sur un guéridon, un bouquet de fleurs, des pelotes de laine.
Peut-être aime-t-elle s’évader, quitter sa solitude ?
Le bouquet et la robe laissent croire qu’elle apprécie le romantisme.
Peut-être rêve-t-elle d’une belle histoire d’amour ?
Chiara
Elle est vêtue de sa robe ample et blanche, comme une rose à l’envers qui éclaire son visage si pâle.
Tenant un livre avec douceur d’une main, tandis que sur l’autre elle pose sa tête, elle est assise dans ce fauteuil rouge que l’on perçoit de derrière, sortant de l’ombre.
Si pensive et posée.
Lit-elle le livre dans le calme et la sérénité ou est-elle passionnée par l’histoire et rêve-t-elle de la vivre ?
Madison
Napoléon lisant après une bataille. Il est en tenue soignée, les cheveux bien coiffés. Il a l’air posé, concentré, prêt à travailler. Installé dans un fauteuil de cuir, il s’arme de son crayon taillé et pointu comme une baïonnette. Il lit et complète un rapport. Autour de lui, reposent en paix des dizaines d’ouvrages reliés d’or. Derrière, sur un bureau en chêne massif, un secrétaire discret rédige et lit à son tour, éclairé par une simple lampe capuchonnée de toile bleue, couleur de la France. Tout cela tamisé par une couleur ocre, sépia.
Napoléon, la guerre est un art, la concentration est de mise.
Pryssillia
Pryssillia
Dans cette pièce sombre et colorée, une jeune bourgeoise lit, le petit doigt tendu.
Elle s’appuie à un coussin posé dans le fond de son fauteuil.
Concentrée sur sa lecture, vêtue de jaune telle une abeille sans rayures, elle butine le livre.
Ses cheveux bruns sont attachés grâce à une pince, ils ont l’air longs.
Cela fait des heures que tu lis, attends-tu ton mari parti à la chasse ?
Tu n’as pas l’air troublée par ta solitude, tellement tu es plongée dans ta lecture. Ne détourne pas ton regard sur moi, je ne fais que te décrire.
Jérémy
La voie vers la sagesse
Il ne se doute pas que du haut de cette colline, je l’observe. Cela fait un petit temps que je regarde son visage figé sur ce cahier. Mais que lit-il ? Qu’étudie-t-il ? Sa solitude permet-elle à son esprit concentration et réflexion ? Assis à même le sol, il recherche la sérénité. N’a t-il pas envie d’aller rejoindre sa fraternité ?
Éclaircit-il son âme afin de libérer ses petits secrets ? S’il ne recherche pas la connaissance, alors que cherche t-il ? Apprend-il à percevoir les choses ? Construire son univers lui demandera bien des efforts, car la route vers la lumière sera très longue.
Mélanie
Dans son costume de bonne coupe, il attend son train depuis trop longtemps. Il a levé les yeux du journal. Quelle nouvelle a-t-il lue qui l’amène à méditer ? Qui viendra s’asseoir à sa droite, l’obligeant à déplacer la serviette, le chapeau anthracite dont le ruban, rouge comme la cravate, est la seule originalité qu’il se permette ? Nul promeneur ne se reflète dans les vitres du bâtiment moderne, décor mort comme la feuille morte gisant sur une dalle. Le temps s’est arrêté.
Suspendu entre ombre et lumière, entre sol et soleil, il reste là, statufié, dans la lassitude de l’habitude, dans la solitude grise de la ville, de la vie. Allégorie de l’attente.
Daniel
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