Fidéline Dujeu ou la femme qui…
C’est un bel après-midi que nos chemins se sont croisés. Avec un sourire rassurant, Fidéline accueille ses jeunes journalistes, débordant de questions. Cette femme est si naturelle que l’on ne se doute pas qu’elle soit écrivaine ! Et pourtant, c’est le cas. D’une écriture qui lui ressemble et d’un langage familier, Fidéline nous reçoit, non pas en talons aiguilles et habillée d’un tailleur Chanel ! Mais c’est avec un bête jeans noir et un pull, qu’elle a accepté de répondre à certaines interrogations. Avant, quelques petits renseignements à prendre en compte pour une meilleure lecture et pour mieux connaitre Fidéline Dujeu, cette femme si.
Fidéline
Fidéline Dujeu est une romancière belge,
mère de quatre enfants. De ce fait, elle sait comment faire réagir des adolescents,
rien qu’en écrivant. Avec une âme de solitaire endurcie, elle reste naturelle
et très ouverte à chaque type de sujet. Malgré cette époque très dure, Fidéline
continue à sourire à la vie, à sa vie et combat tous les problèmes qui viennent
déranger sa voie. Elle a une personnalité bien à elle qui donne envie de la
connaitre de plus en plus. Comme une particularité que tous peuvent remarquer
quand elle parle ou dans ses écrits, Fidéline ne finit jamais ses phrases et ce
fait, nous le faisons tous mais elle, elle le revendique et cela fait partie
d’elle, une partie « d’authenticité » envers elle-même et ses lecteurs. Fidéline a
écrit quelques romans du genre, comme je pourrais appelerRéalité fictive. C’est-à-dire
une réalité, que tous peuvent subir avec des faits tout à fait possibles
mais en imaginant les personnages. Fidéline s’inspire un peu de son histoire,
son expérience, son entourage pour écrire mais tout ça mélangé avec une part de
fiction.
Un air de famille
Son roman Guère d’homme est raconté par deux personnages, liés par le sang. L’une,Marie-Rose,
l’héroïne principale, la grand-mère, le modèle à ne pas suivre ; l’autre,
la petite-fille qui apprend des erreurs de son aïeule, elle ne veut pas faire
les mêmes fautes qu’elle. Ici, la petite fille est un peu Fidéline et
Marie-Rose, sa grand-mère dont elle ignorait sa vie durant l’absence de son
mari en 40/45. Pendant ces cinq années-là, notre auteur n’avait aucune idée de
ce que sa grand-mère menait comme vie. Elle s’est donc renseignée et a créé une
autre grand-mère qui aurait pu être la sienne. Elle crée Marie-Rose, une
grand-mère fictive, lui donne une personnalité et un destin tout au long du
roman. Et au fil des pages, les frissons arrivent et l’émotion accélère, de
plus en plus forte. Les relations
amoureuses des femmes de sa famille ont toutes été longues. Elles ont toutes attendu. Attendre mais forcément être déçue à
la fin. Et Fidéline a aussi cette impression d’attendre car « Nous sommes tous liés à nos
ancêtres ».
Temps à la création
Écrire un roman, cela prend du temps et de
la réflexion. Il faut se concentrer et former une base dans sa tête et ensuite,
écrire tout ça. Cette structure est la base de l’histoire, son arbre
généalogique. Parfois, il se peut que cela soit très clair pour l’auteur mais
pas toujours pour le lecteur qui doit déchiffrer. Ce qui est quelque fois le
cas de Fidéline Dujeu. Alors, pour mieux faire passer le message, elle nous
laisse derrière elle des indices qui permette une meilleure compréhension mais
sans tout recevoir sur un plateau. Elle ne nous révèle pas tout d’une
fois ! En outre, la création d’un roman ne suffit pas qu’à inventer une
histoire et la retaper. Il faut aussi des personnages et découvrir leurs personnalités.
Dans Guère
d’homme, Fidéline progresse avec Marie-Rose mais elle ne sait pas à
l’avance sa destinée. Elle ne la connait qu’à la fin de l’histoire. Et Fidéline
ne se doutait pas au début de sa rédaction que la fin serait tragique. C’est ce côté si attrayant du métier
d’écrivain : on construit la vie, la situation d’un personnage. On vit
avec lui pendant quelques temps, comme si c’était un ami. On passe ses
journées, ses soirées avec lui. Sans savoir quand et comment sa vie s’arrêtera...
Les histoires sur
commande
Fidéline
Dujeu a également écrit des nouvelles sur commande dont Les
nuages ne sont pasroses pour la communauté française où elle devait
atteindre un public de type adolescent. Ou aussi, Au
trois verds chapeaux, pour la ville de Mons. Là, son but était de se
balader une journée dans la ville et écrire. Plutôt pas mal comme
journée !
Écrire en atelier
Aujourd’hui, Fidéline se consacre à des
ateliers d’écriture. Elle a des ateliers de différents types :
littérature, récit de vie et projets. Les ateliers de récit de vie consiste,
pour les gens qui y vont, à raconter par écrit leurs histoires, leurs vies,
leursbiographies. Les personnes qui choisissent plutôt la littérature sont là
pour tout simplement écrire des romans de tous types. Les projets demandent
plus de travail puisque se sont de plus lourds dossiers à réaliser tel que des
recueils de poésie, des pièces de théâtre, … Fidéline travaille avec des
personnes qui veulent écrire mais qui ne trouvent pas toujours le temps de le
faire. Elle leur donne un petit coup de pouce en apportant des objets
extérieurs (peinture, image, tableau, …) pour que l’inspiration arrive aux
écrivains en herbe. Les personnes qui y participent ont envie d’écrire. On peut
tous écrire ce que l’on veut. « L’écriture
exprime quelque chose » affirme-t-elle.
En
fait, Fidéline Dujeu est une femme à connaître. Très ouverte et active, elle
n’a pas peur de dire les choses ! Elle a de la générosité à revendre. Elle
passe la plupart de son temps à aider les autres dans un domaine qui lui va à
ravir : l’écriture. Et le plus important, c’est que Fidéline vous donne
confiance durant ce processus (ou vous la rend quand vous l’a perdu dans vos
doutes) : « Quand on commence à
écrire un livre, il faut y croire ! »
Interview de Fidéline
Dujeu
Manon Fourez : Pour Guère d’homme, est-ce vous avez écrit les
deux narrations (c’est-à-dire celle de Marie-Rose et celle de la petite fille)
séparément ou tout imbriqué ?
Fidéline Dujeu : J’ai
tout imbriqué directement. Et à un moment, je me suis rendu compte que c’était
difficile à suivre et donc, c’est pour ça que j’ai mis les parties en italique.
Au début, je me suis rendu compte que dans ma tête, c’était clair ; mais
que pour le lecteur, ça ne l’était pas forcément. J’avais cette impression de
donner trop de clés au lecteur en le mettant en italiques… mais c’est
mieux ! Il y a des écrivains qui
donnent beaucoup et d’autres qui n’en donnent pas beaucoup. Moi, j’essaie
d’être entre les deux mais parfois, j’en donne peu aussi, pour qu’ainsi le
lecteur puisse réfléchir.
M.F. : Comment écrivez-vous ?
F.D : Je n’ai pas
beaucoup de temps dans ma vie d’écrire. Donc, quand je commence à écrire, j’ai
déjà bien travaillé dans ma tête. En général, je n’écris pas de trop. Je sais
ce que j’ai à dire et donc, je ne perds pas trop dans l’écriture. Il y a
parfois des personnes qui écrivent dix pages et puis finalement, on a retient
que deux ou trois. Moi, tout ce travail d’élagage, je le fais dans ma tête,
mais alors après, de nouveau comme je n’ai pas beaucoup le temps, quand j’écris
un roman, ça me prend du temps. Je le laisse de côté pendant quelques jours, voire
quelques semaines, je reprends le roman
et puis, j’élimine encore. Plus que je relis, plus que je retire. En général,
mon éditeur me demande d’ajouter mais c’est plus difficile en fait ! (Rires)
M.F. : Vous avez un moment bien précis dans la
journée pour écrire ?
F.D : Alors ce que je
préfère, c’est le matin quand je suis toute seule chez moi. Mais c’est très
rare ! (rires) Je fais en
fonction des moments. Mais je trouve, moi, que j’écris mieux le matin … Pas
tôt ! Parce que je ne suis pas une lève tôt mais entre 10h/13h. Là c’est
parfait ! Si je pourrais avoir ce temps-là tous les jours, peut-être que
j’aurai des romans de 300 pages et pas de 100 pages !
M.F. : Dans Guère d’homme, les personnages sont
dépendent des hommes. Les femmes ne sont pas libres. Pourquoi ?
F.D : encore
aujourd’hui, si on pense que les femmes sont égales des hommes et qu’on a
autant de liberté, je ne pense pas. Même dans la société aujourd’hui. Mais
c’est aussi à cause de nous, parce qu’on se laisse pas parfois être libre.
Quand on voit des histoires des femmes qui ne sortent pas de chez elle parce
que leurs maris ne veulent pas, c’est elles aussi qui décident d’obéir. Et
donc, dans le livre, elle n’est pas libre (Marie-Rose),
même si elle pourrait se libérer.
M.F. : Comment a fonctionné l’histoire sur
Mons ? Était-ce une contrainte d’écrire ?
F.D : C’était
vraiment très gai de travailler sur ce projet à Mons à partir des chapeaux (de bâtiments de la ville). Et donc,
non, ce n’était pas une contrainte. Je me suis dit : « Ah
chouette ! Mon travail aujourd’hui, c’est d’aller à Mons. Une journée
toute seule ! » C’est super gai... Enfin, personnellement, j’aime
beaucoup être toute seule et aller me promener. Et donc,
j’ai fait ça à Mons et l’histoire s’est construite. Mais, oui, j’aimais
vraiment bien… c’était un peu comme des vacances ! (rires)
Aux éditions « Le Somnambule équivoque »
2004 – Coquillages
2005 – L’île Berceau
2007 – Guère d’homme
2010 – Angie
Aux éditions Tanden
2008 – Petit Tom et l’embrouillamini
Les commandes
2008 – Au trois verds chapeaux
2013 – Les nuages ne sont pas roses